Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Periamma & moi
Publicité
Archives
Newsletter
14 mai 2013

Etre bénévole en Inde, bilan de mi-parcours

 icone_inspection-247x180

De retour en Inde après mon voyage au Sri Lanka, il est temps de faire un premier bilan de mon expérience en Inde en tant que bénévole. Eh oui, j’ai du mal à le croire, mais je suis déjà à la moitié de cette belle expérience et je suis certaine que les 4 prochains mois vont  aussi passer à toute vitesse. Voici donc quelques unes de mes impressions, qui je l’espère, pourront être utiles à d’autres bénévoles (desolée, c'est beaucoup de texte et peu d'images!)

Vivre en Inde

Après un séjour au Sri Lanka, le retour en Inde m’a fait réaliser qu’il est plus difficile de vivre ici que dans l’île voisine. Le conservatisme de la société indienne est parfois difficile à gérer pour quelqu’un qui a vécu en Europe : le fait de ne pas pouvoir s’habiller comme on le souhaite, la nécessité d’être prudente dès qu’on s’adresse ou qu’on regarde un homme sont des exemples de choses qui s’avèrent pesantes à la longue (plus le fait de ne pas manger du fromage !).

Heureusement, la joie de découvrir à nouveau pays, d’apprendre à connaître une culture et de rencontrer des locaux contrebalancent ces inconvénients. Après quatre mois ici, j’ai l’impression d’avoir appris plein de choses sur ce pays et sur ses habitants et j’ai conscience qu’il me reste encore une infinité de choses à apprendre.

« Yaneke tamil teryad »

Partir travailler en Inde sans parler la langue locale, c’est un peu comme s’installer à Montalieu en ne parlant qu’anglais : cela présage beaucoup d’incompréhensions. Même si l’anglais est une langue officielle de l’Inde, il n’est en fait parlé que par 5% de la population indienne (la majorité des anglophones étant issus des classes les plus hautes de la société).

Ainsi, quand on se retrouve dans un petit village du Tamil Nadu en face d’un groupe d’écoliers qui ne parlent pas anglais, il faut être prêt à utiliser le langage du corps pour essayer de se faire comprendre. En soit, ce n’est pas si grave quand je suis avec de jeunes enfants, en général, je leur parle en anglais et ils me parlent en tamoul, on ne se comprend pas mais on communique tout de même (les jeux, les chansons et la danse aident aussi beaucoup).

C’est plutôt avec les adultes que ma non maîtrise de la langue pose problème et je sens que je perds beaucoup en ne pouvant pas échanger librement avec eux. Le tamoul étant une langue très difficile, je n’ai pu apprendre que quelques phrases basiques (l’essentiel : savoir dire que la nourriture est bonne !) mais rien qui ne me permette de mieux comprendre les personnes que je rencontre.

C’est une des mes plus grandes frustrations ici car j’ai le sentiment que cela limite l’impact de mon travail et surtout que cela m’empêche de créer de vrais liens avec les personnes que je rencontre. Je sais que je ne deviendrai pas bilingue d’ici 4 mois mais je me suis promis de passer plus de temps à apprendre cette langue, d’ailleurs, j’ai déjà un super livre…

P1050638

Travailler en Inde

Il me serait difficile de vraiment parler des conditions de travail en Inde sachant que je ne fais pas partie d’une entreprise ou d’une équipe indienne. J’ai toutefois remarqué que la hiérarchie est très marquée (les personnes haut-placées ont toujours raison et ne demandent pas souvent l’avis de leurs subalternes ) et que la relation hommes/femmes est encore très inégalitaire.

En tant que jeune femme blanche, je sens parfois que mes responsabilités posent problème surtout lorsque j’ai affaire avec des interlocuteurs masculins plus âgés. Mais le pire c’est que les femmes des villages où je travaille considèrent aussi que les hommes font autorité. Il est donc difficile d’exprimer mon avis quand je suis accompagnée par un homme et il vaut mieux être seule avec un groupe de femmes si j’espère avoir une discussion avec elles. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire de ce côté-là !

Etre bénévole dans une ONG étrangère

Le choix de partir avec l’ONG danoise Periamma a plus été la suite logique de mon investissement qu’une réelle réflexion. J’avais en effet déjà commencé à travailler en juillet dernier pour cette ONG au Danemark et il me semblait cohérent de partir en Inde pour continuer ma contribution à des projets que je connaissais. Ce choix m’a ainsi permis d’avoir un certain confort à mon arrivée en Inde et de me concentrer sur toute la nouveauté qui m’entourait.

Aujourd’hui, je me rends compte que ce choix ne présente pas que des avantages. Le plus grand problème est que le reste de l’équipe de l’ONG se trouve au Danemark et que je suis la seule sur le terrain. Cela m’empêche ainsi d’avoir un des contacts professionnels directs très réguliers et m’oblige à travailler seule la plupart du temps. Bien sûr, l’ONG a des partenaires et des interlocuteurs locaux avec qui je travaille mais mes contacts avec eux se font principalement par mail ou ponctuellement lors de mes visites. Le fait de ne pas aller « au bureau » tous les jours et de ne pas avoir de collègues me pose problème et je conseillerais plutôt aux bénévoles de s’investir dans des ONG locales afin d’avoir un contact direct avec le monde du travail du pays.

Je pense en outre qu’être bénévole est une tâche difficile qui nécessite d’être autonome et de prendre des initiatives pour structurer soi-même son travail. Il faut également rester motivé même si les effets des programmes ne sont pas visibles immédiatement.

Où en sont les projets ?

Ces quatre derniers mois ont été remplis de visites dans les écoles et de rencontres. Cela m’a donné l’opportunité de mieux connaître les bénéficiaires des projets et de comprendre quelles sont les problèmes et obstacles auxquels l’ONG Periamma doit faire face. Je me rends compte que Periamma a beaucoup de défis pour le futur : elle a besoin de se structurer, de devenir plus cohérente dans ses programmes et surtout de s’entourer d’une équipe solide.

Malgré cela, je pense qu’elle peut apporter beaucoup aux enfants des écoles de Gingee et de Parangipettai. Le projet du centre de Technologies  a d’ailleurs bien avancé : plusieurs activités ont été organisées pour les professeurs et les élèves et j’ai eu la sensation qu’ils en étaient très heureux. D’autres programmes se préparent mais il faut savoir que cela prend du temps et que les effets ne peuvent pas toujours être immédiats (malheureusement !).

En outre, le projet avec le collège de Montalieu et le lycée de Morestel est en très bonne voie. La tombola solidaire du collège s’est achevée vendredi (j’en reparlerai) , beaucoup d’élèves ont participé et grâce à eux, l’argent récolté pourra aider l’amélioration des conditions de vie des écoliers de Seva Mandir et de Gingee. J’espère continuer ces quatre prochains mois les échanges avec les élèves et j’espère que ces derniers tirent le maximum de ce partenariat.

Prochain bilan dans 4 mois!

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Merci pour ce témoignage, ce serait intéressant de confronter votre point de vue avec l'article récent de Joana sur sa découverte du Sri Lanka, je suis sûr qu'il est possible que vous apportiez un regard complémentaire http://www.venividivoyage.com/3-semaines-au-sri-lanka-petit-debrief/
N
Merci beaucoup pour ce témoignage très concret. Je viens de rentrer d'Inde et je compte y retourner pour y faire du volontariat. Ce pays est sans doute l'un des plus complexes que j'ai visité en deux ans et demi sur la route, là plus qu'ailleurs je me suis posée mille questions et les rapports avec les hommes ont été compliqués et déstabilisants. <br /> <br /> <br /> <br /> NowMadNow
Publicité